En 2046, deux ans près les événements racontés dans Nos derniers festins, nous retrouvons le duo de policiers du service de contrôle alimentaire, Anna Janvier et son adjoint Ferdinand Pierraud. La situation ne s’est pas arrangée bien au contraire. Avec les crises, les épidémies et le réchauffement climatique, les restrictions sont de plus draconiennes dans tous les domaines. L’eau, l’électricité, le temps d’écran, l’alimentation, tout est limité, mesuré, contrôlé avec des permis de table, des carnets d’approvisionnement, des tableaux de surveillance et autres outils connectés à la carte de sécurité sociale. Toutes ces contraintes sont loin d’apaiser la population et, malgré la multiplicité et le développement des systèmes vidéo les plus perfectionnés et les plus intrusifs, la violence et les meurtres n’ont pas disparu.
C’est justement sur une scène de crime que nous retrouvons le duo de policiers dès les premières pages, toujours en Provence, dans une cuisine, avec « devant la table, une femme obèse sanglée sur une chaise par des sandows, tête basculée en arrière. Sa robe légère à fines bretelles dénudait ses épaules, ses bras, une partie de ses cuisses. Ses pieds nus reposant sur le flanc paraissaient minuscules pour le corps imposant. » Son visage est cyanosé et la première explication semble être un empoisonnement mais il s’avère en fait qu’elle a été étouffée par de la nourriture, gavée jusqu’à ce que mort s’ensuive. L’identité de la victime, nous la connaîtrons plus tard. Quant à savoir qui l’a tuée et pourquoi, suspense…
Depuis deux ans, les policiers n’ont guère changé. Anna Janvier est courte sur pattes mais haute en couleur. Dynamique et pleine d’énergie, cette petite dame replète et enjouée fait aussi preuve d’une gourmandise peu compatible avec sa fonction et sait fermer les yeux sur certaines pratiques clandestines pour mieux les ouvrir sur ce qu’on lui offre à manger. Sa très proche amie, Edwige, a disparu comme des milliers d'autres dans le cataclysme qui a noyé une partie de la région en 2044. La souffrance est toujours vive pour la policière.
Son adjoint, Ferdinand Pierraud, est un beau jeune homme un peu fragile, sujet à de nombreuses allergies et addict aux écrans. Il a adopté un petit garçon, Eugène, le fils de Jeanne, elle-même fille de Lou déjà rencontrée dans le roman précédent. Car c’est tout un univers qu’a créé Chantal Pelletier avec ses lieux, ses personnages et son atmosphère.
Vingt ans plus tôt, avec sa compagne Nour, Lou avait créé un restaurant, le Mas des Collines. Mais Nour est morte et après son décès « Lou avait vendu à un consortium, qui avait tout chamboulé, créé un complexe hôtelier de luxe avec un restaurant gastronomique dont elle était la gérante. L'ensemble avait été rayé de la carte par les inondations de 2044, sauf la magnanerie qu'elle avait pu garder par un bonneteau judiciaire qui avait bien tourné. » Elle a ensuite transformé cette magnanerie en un restaurant gastronomique avec une grande table pour dix couverts. Elle habite là avec son grand-père, Laurent, bientôt centenaire, et deux autres personnes âgées, Patrick et Isabelle. Avec les employées, Zineb et Chiara, Jeanne et son fils Eugène, et maintenant Ferdinand, c’est une véritable tribu qui occupe les lieux.
Outre les lieux et les personnages, l’univers est aussi marqué par les effets du réchauffement climatique, les catastrophes, les conséquences des pollutions et autres dérives sociétales suicidaires. Beaucoup de sujets sérieux sont abordés au fil des chapitres, les restrictions alimentaires et la surveillance des citoyens par un système digne de Big Brother, la radicalisation et le complotisme, sans oublier les ambitions des investisseurs chinois qui s’intéressent au restaurant de Lou.
Mais tous ces drames et cette atmosphère pesante n’empêchent pas Anna et Lou de concocter de bonnes recettes qui font régner sur le livre un doux parfum de gastronomie et de plaisir. Protéger la planète, soit, mais sans céder à la morosité ambiante. Les héros de Chantal Pelletier font de la résistance pour le plus grand bonheur des lecteurs.
Serge Cabrol
C’est justement sur une scène de crime que nous retrouvons le duo de policiers dès les premières pages, toujours en Provence, dans une cuisine, avec « devant la table, une femme obèse sanglée sur une chaise par des sandows, tête basculée en arrière. Sa robe légère à fines bretelles dénudait ses épaules, ses bras, une partie de ses cuisses. Ses pieds nus reposant sur le flanc paraissaient minuscules pour le corps imposant. » Son visage est cyanosé et la première explication semble être un empoisonnement mais il s’avère en fait qu’elle a été étouffée par de la nourriture, gavée jusqu’à ce que mort s’ensuive. L’identité de la victime, nous la connaîtrons plus tard. Quant à savoir qui l’a tuée et pourquoi, suspense…
Depuis deux ans, les policiers n’ont guère changé. Anna Janvier est courte sur pattes mais haute en couleur. Dynamique et pleine d’énergie, cette petite dame replète et enjouée fait aussi preuve d’une gourmandise peu compatible avec sa fonction et sait fermer les yeux sur certaines pratiques clandestines pour mieux les ouvrir sur ce qu’on lui offre à manger. Sa très proche amie, Edwige, a disparu comme des milliers d'autres dans le cataclysme qui a noyé une partie de la région en 2044. La souffrance est toujours vive pour la policière.
Son adjoint, Ferdinand Pierraud, est un beau jeune homme un peu fragile, sujet à de nombreuses allergies et addict aux écrans. Il a adopté un petit garçon, Eugène, le fils de Jeanne, elle-même fille de Lou déjà rencontrée dans le roman précédent. Car c’est tout un univers qu’a créé Chantal Pelletier avec ses lieux, ses personnages et son atmosphère.
Vingt ans plus tôt, avec sa compagne Nour, Lou avait créé un restaurant, le Mas des Collines. Mais Nour est morte et après son décès « Lou avait vendu à un consortium, qui avait tout chamboulé, créé un complexe hôtelier de luxe avec un restaurant gastronomique dont elle était la gérante. L'ensemble avait été rayé de la carte par les inondations de 2044, sauf la magnanerie qu'elle avait pu garder par un bonneteau judiciaire qui avait bien tourné. » Elle a ensuite transformé cette magnanerie en un restaurant gastronomique avec une grande table pour dix couverts. Elle habite là avec son grand-père, Laurent, bientôt centenaire, et deux autres personnes âgées, Patrick et Isabelle. Avec les employées, Zineb et Chiara, Jeanne et son fils Eugène, et maintenant Ferdinand, c’est une véritable tribu qui occupe les lieux.
Outre les lieux et les personnages, l’univers est aussi marqué par les effets du réchauffement climatique, les catastrophes, les conséquences des pollutions et autres dérives sociétales suicidaires. Beaucoup de sujets sérieux sont abordés au fil des chapitres, les restrictions alimentaires et la surveillance des citoyens par un système digne de Big Brother, la radicalisation et le complotisme, sans oublier les ambitions des investisseurs chinois qui s’intéressent au restaurant de Lou.
Mais tous ces drames et cette atmosphère pesante n’empêchent pas Anna et Lou de concocter de bonnes recettes qui font régner sur le livre un doux parfum de gastronomie et de plaisir. Protéger la planète, soit, mais sans céder à la morosité ambiante. Les héros de Chantal Pelletier font de la résistance pour le plus grand bonheur des lecteurs.
Serge Cabrol